26 novembre 2006

Prendre le bus en Israël...


Quand je suis arrivé à la gare routière pour prendre le bus jusqu'à Hadera, je me suis dit que prendre le bus en Israël était un acte de résistance.

Les bus ont toujours été une cible privilégiée des kamikazes. Fantômes de carcasses éventrées, de corps déchiquétés, du ballet des ambulances et des secouristes... Combien, combien d'innocents tués ? J'ignore la réponse et je ne veux pas savoir. Je ne veux pas instiller dans mon sang ces statistiques de la peur. Je veux juste prendre le bus.

Je vais régulièrement en Israël depuis mes plus vertes années.
Et il se trouve que je n'avais jamais pris le bus jusqu'à ce week-end !
Arrivé sur place, un malaise m'envahit, un malaise qu'on essaye tant bien que mal de dissimuler. Là, deux options : soit tu attends, isolé, à l'écart des autres, comme un lâche. Soit au contraire, tu défies ta peur, tu défies les assassins et tu attends parmi les autres.
Ainsi, avec une vingtaine d'autre personnes, et sans céder à la paranoïa, je gardais un oeil prudent sur la population approchant de mon arrêt de bus. Est-ce qu'untel semble avoir un truc suspect caché sous sa chemise ? Est-ce qu'il a une tête d'arabe ? Est-il détendu ? Les fantômes, toujours les fantômes...

Le lendemain soir, j'ai repris le bus, pour le retour. Longue et ennuyeuse attente. Je n'arrêtais pas de bailler. Et la seule chose que je surveillais, c'était ma montre. Pour le reste, ce n'était même plus un acte de résistance : Je prenais le bus, et ça s'arrête là.

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